En décembre 2024, un astéroïde géocroiseur du nom de 2024 YR4 avait attiré l’attention des astronomes. Classé initialement parmi les objets potentiellement dangereux, nous savons désormais que cet astéroïde ne s’écrasera pas sur Terre. Tout danger étant écarté, des chercheurs se demandent maintenant : et si on lui rendait visite pour l’étudier de plus près ?
L’astéroïde 2024 YR4 : une menace bien réelle… ou pas ?
Découvert par le système ATLAS (Asteroid Terrestrial-impact Last Alert System) en décembre 2024, l’astéroïde 2024 YR4 avait immédiatement intrigué la communauté scientifique. Étant donné qu’il croise l’orbite terrestre tous les quatre ans, cet astéroïde est classé comme géocroiseur. Autrement dit, il traverse périodiquement la trajectoire de la Terre, ce qui en fait un objet potentiellement dangereux.
Lors de sa découverte, les premières estimations prévoyaient alors une chance de 1 % qu’il impacte la Terre le 22 décembre 2032. En février, cette probabilité avait ensuite été réévaluée à 2,3 % avant que des mesures plus précises n’excluent finalement toute possibilité de collision. Malgré tout, 2024 YR4 continue de susciter un intérêt particulier non seulement en raison de son statut d’objet potentiellement dangereux, mais aussi pour les informations précieuses qu’il pourrait offrir à la science.
L’étude des astéroïdes n’est pas une nouveauté. Ces dernières années, plusieurs missions spatiales ont en effet permis de rapporter des échantillons d’astéroïdes qui révèlent des informations fascinantes sur l’origine du Système solaire et les conditions propices à la vie sur Terre. Parmi elles figurent les missions japonaises Hayabusa et Hayabusa 2 ou encore la mission américaine OSIRIS-REx. Ces missions ont révélé des éléments clés, comme de l’eau et des acides aminés, qui soutiennent l’idée que les astéroïdes et les comètes pourraient avoir joué un rôle crucial dans le développement de la vie sur Terre. Dans cette lignée, l’astéroïde 2024 YR4 représente également une occasion unique d’étudier un objet primitif.
Pourquoi une mission vers YR4 serait-elle intéressante ?
L’étude d’astéroïdes comme YR4 présente un intérêt scientifique majeur. En raison de leur ancienneté, ces objets sont en effet des témoins directs des conditions qui prévalaient lors de la formation du Système solaire. L’analyse d’un tel astéroïde pourrait alors nous fournir des indices précieux sur la composition des premiers corps célestes, sur les matériaux qui ont formé les planètes, et même sur les origines de l’eau et des molécules organiques sur Terre.
Par ailleurs, les astéroïdes géocroiseurs sont d’un intérêt tout particulier, car ils représentent une classe d’objets dont la trajectoire peut croiser celle de la Terre, ce qui rend leur étude fondamentale pour comprendre les risques cosmiques et la dynamique du Système solaire interne.
En outre, YR4 pourrait offrir des informations cruciales pour la défense planétaire. Bien qu’il ne présente pas de menace immédiate pour la Terre, il pourrait à l’avenir devenir un objet à surveiller de près. Mieux comprendre la composition et le comportement de ces objets pourrait nous préparer à des scénarios futurs où un astéroïde ou un objet similaire pourrait menacer notre planète.

Les défis et la faisabilité d’une mission vers YR4
Bien sûr, toute mission vers un astéroïde géocroiseur présente de nombreux défis techniques. Cependant, des progrès importants ont été réalisés dans le domaine de l’exploration spatiale, ce qui rend une mission vers 2024 YR4 de plus en plus envisageable.
Dans un article récent, deux chercheurs, Adam Hibberd et Marshall Eubanks, ont étudié la faisabilité d’une mission vers cet astéroïde. La version préliminaire de leur étude est récemment apparue en ligne et est en cours d’examen pour publication dans Acta Astronautica.
Concrètement, l’une des options envisagées est l’envoi de petits engins spatiaux, tels que des CubeSats ou des Disksats. Ces petits satellites, dont la masse ne dépasse pas quelques kilogrammes, pourraient être lancés à moindre coût tout en permettant une étude approfondie de l’astéroïde. À titre d’exemple spécifique, tout lancement du programme CLPS ou d’Artemis pourrait potentiellement permettre l’envoi de l’un de ces petits engins vers YR4 en utilisant son orbite de transfert lunaire. En profitant des fenêtres de lancement comme celle de 2028, ces minisatellites pourraient alors se rendre sur YR4 sans nécessiter des budgets astronomiques.