Le 2 février 2025, la Russie a lancé trois satellites secrets, baptisés Kosmos 2581, 2582 et 2583, à bord d’une fusée Soyouz-2.1V depuis le cosmodrome de Plesetsk. Ces satellites, qui se trouvent à environ 585 kilomètres au-dessus de la Terre, ont attiré l’attention des analystes spatiaux du monde entier en raison de leur comportement énigmatique et de l’objet mystérieux qu’ils ont libéré en orbite.
Kosmos : un nom chargé d’histoire
Le programme Kosmos, lancé en 1962 sous l’Union soviétique, est l’un des plus anciens et des plus secrets programmes spatiaux militaires. À l’origine, il avait pour objectif de développer des satellites militaires et scientifiques pour des missions de reconnaissance, de surveillance et d’armement. En effet, le nom « Kosmos » a été utilisé pour désigner une gamme variée de satellites, dont beaucoup étaient classifiés, et dont les missions étaient souvent d’une nature secrète.
Au fil des décennies, ce programme a été associé à des technologies avancées, comme les premiers tests de satellites antisatellites (ASAT), destinés à détruire ou à perturber les satellites ennemis, mais aussi à des missions de renseignement électronique visant à intercepter les communications ou collecter des données sensibles. Les satellites Kosmos ont également été utilisés pour des tests d’inspection, de maintenance et de manipulation d’autres satellites en orbite, ce qui les a rendus essentiels pour la stratégie spatiale de l’URSS puis de la Russie.
Les missions modernes, telles que celles réalisées par ces trois nouveaux satellites baptisés Kosmos 2581, 2582 et 2583, poursuivent cette tradition de manœuvres secrètes, bien que leur objectif exact soit encore flou.
Des satellites en formation et un comportement intrigant
Ces trois satellites, lancés en février dernier, ont immédiatement captivé l’attention des experts en suivi spatial, non seulement en raison de leur origine secrète, mais aussi en raison de leur comportement étrange une fois en orbite. Positionnés sur une trajectoire quasi-polaire à une altitude d’environ 585 kilomètres, ils ont rapidement entamé des manœuvres qui suggèrent des activités de proximité avec d’autres objets en orbite, ce qui est un signe classique de surveillance ou d’inspection.
Les analystes spatiaux ont remarqué que ces satellites semblent opérer en formation, comme s’ils suivaient un plan coordonné. Ce type de vol en groupe est souvent utilisé pour réaliser des tests de vol en formation ou d’amarrage, deux pratiques courantes dans le cadre de missions militaires secrètes. En effet, l’amarrage est une opération spatiale qui consiste à rapprocher deux satellites ou objets spatiaux pour effectuer des tâches telles que l’inspection, la réparation ou la manipulation. Dans un contexte militaire, ces manœuvres peuvent être liées à des tests visant à perturber ou interférer avec des satellites adverses, voire à développer des capacités d’attaque ou de neutralisation dans l’espace.
Cela alimente les spéculations selon lesquelles ces satellites pourraient avoir des objectifs liés à la surveillance de satellites étrangers, ou à l’expérimentation de technologies de guerre spatiale, comme des armes antisatellites ou des capacités de neutralisation d’objets en orbite.

Un objet libéré en orbite
Le 18 mars 2025, l’armée américaine a également identifié un nouvel objet en orbite qui semblait avoir été libéré par le satellite Kosmos 2581. Bien que cet objet ait été catalogué par les autorités américaines et observé par les analystes spatiaux, la Russie n’a pas fourni d’informations détaillées sur sa nature ni sur les intentions derrière cette libération. Ce manque de transparence nourrit les spéculations, d’autant plus que de tels objets sont souvent associés à des technologies de pointe, parfois même expérimentales.
Selon Jonathan McDowell, astrophysicien et expert en activités spatiales, cet objet pourrait être un test technologique visant à évaluer de nouvelles méthodes d’amarrage ou des technologies permettant d’interagir avec d’autres satellites. Une autre possibilité serait qu’il s’agisse d’un test de tir ou d’un dispositif destiné à perturber ou neutraliser un satellite ciblé. En effet, les capacités de guerre spatiale sont de plus en plus cruciales, et la Russie, tout comme d’autres puissances spatiales, continue de développer des technologies qui pourraient lui permettre de dominer l’espace ou de perturber les systèmes spatiaux adverses.
Cependant, il existe aussi une possibilité que l’objet libéré soit une charge utile scientifique, bien que cela semble moins plausible au vu de la nature hautement secrète de la mission. L’usage d’objets en orbite pour des tests militaires est bien plus courant que les applications purement scientifiques, surtout dans le contexte de missions militaires secrètes comme celles des satellites Kosmos.