Des scientifiques ont mis au jour une structure cosmique d’une taille vertigineuse qui s’étend sur 1,3 milliard d’années-lumière. Baptisée Quipu, cette formation d’amas de galaxies et de groupes d’amas pourrait bien détenir le record de la plus grande structure de l’Univers connu.
Qu’est-ce que Quipu ?
Le nom « Quipu » fait référence à un ancien système de comptage des Incas qui utilisait des cordes et des nœuds pour enregistrer des informations. C’est un choix symbolique, car la structure elle-même est complexe : elle est composée de multiples filaments qui relient des amas de galaxies. Quipu s’étend sur environ 1,3 milliard d’années-lumière, soit plus de 13 000 fois la longueur de notre propre Voie lactée. Ce filament gigantesque représente potentiellement la plus grande structure de l’Univers, qui bat des records jusqu’ici détenus par des superamas comme celui de Laniākea qui englobe notre propre groupe local de galaxies.
La structure de Quipu ressemble à un énorme cordon interconnecté, une sorte de réseau de galaxies et de sous-groupes de galaxies s’étendant sur une échelle de taille qui dépasse tout ce que les astronomes ont observé jusqu’à présent. Cette découverte pourrait ainsi changer notre vision de l’organisation de la matière à grande échelle dans l’Univers.
Une découverte réalisée grâce à des techniques avancées
L’identification de Quipu s’inscrit dans un vaste programme de cartographie de l’Univers. Pour détecter une structure aussi lointaine et aussi gigantesque, les astronomes se sont appuyés sur l’observation du décalage vers le rouge, un phénomène où la lumière des objets distants est décalée vers des longueurs d’onde plus longues en raison de l’expansion de l’Univers. Cela permet de détecter des objets très éloignés dans le temps et l’espace. L’équipe de chercheurs a concentré ses efforts sur les objets avec des décalages vers le rouge de 0,3 à 0,6 qui sont situés entre 425 et 815 millions d’années-lumière de la Terre.
Quipu a été repéré par la méthode de cartographie des amas de galaxies qui sont des groupes massifs de galaxies interconnectées par la gravité. Il a été observé sans avoir recours à une détection plus complexe, ce qui témoigne de la proéminence de cette structure. Les astronomes ont d’ailleurs été surpris de la facilité avec laquelle Quipu est apparu sur la carte du ciel.
Les chercheurs ont également mis en évidence quatre autres structures massives, telles que le superamas d’Hercule, le superamas de la Couronne Boréale du Serpent et la superstructure du Sculpteur-Pégase. Ensemble, ces cinq superstructures contiennent une part importante de la matière de l’Univers observable en y représentant 45 % des amas de galaxies et 25 % de la matière visible.

Quelles implications pour la cosmologie ?
La découverte de Quipu ouvre de nouvelles perspectives sur la manière dont la matière est distribuée à grande échelle. Les superstructures de ce genre jouent en effet un rôle important dans l’étude de l’évolution du cosmos. Elles affectent non seulement la manière dont les galaxies sont groupées, mais aussi l’expansion de l’Univers lui-même.
Les scientifiques ont aussi observé que ces superstructures peuvent influencer le fond diffus cosmologique (CMB), un rayonnement micro-onde issu du Big Bang, en affectant les mesures de l’expansion de l’Univers. En effet, l’attraction gravitationnelle exercée par une telle concentration de matière peut provoquer un phénomène connu sous le nom de lentille gravitationnelle où la lumière provenant d’objets plus lointains se déforme en passant à travers cette gigantesque masse. Ces observations ont donc des implications profondes pour la compréhension de la constante de Hubble qui mesure justement la vitesse d’expansion de l’Univers.