Le 3 mars 2025 restera une date marquante dans l’histoire de l’exploration spatiale. En effet, pour la première fois, un système de positionnement global (GPS) terrestre a réussi à naviguer sur la surface de la Lune. Cette prouesse technologique ouvre des perspectives inédites pour les futures missions spatiales, notamment dans le cadre du programme Artemis de la NASA.
Pourquoi la navigation lunaire est-elle si complexe ?
Sur Terre, la navigation par GPS fait partie intégrante de notre quotidien. Que ce soit avec nos smartphones ou à bord d’un avion, ces systèmes reposent sur des constellations de satellites qui fournissent des informations précises de localisation. Toutefois, sur la Lune, de nombreux défis se présentent. Avec une surface désertique dépourvue de repères visuels et des distances considérables, trouver son chemin est comparable à naviguer dans un immense océan sans boussole.
Jusqu’à présent, les missions lunaires dépendaient principalement de la communication avec les stations terrestres et des capteurs embarqués. Ces méthodes, bien que précises, nécessitent une intervention humaine constante et limitent les possibilités d’autonomie pour les engins spatiaux.
LuGRE : la clé de cette avancée révolutionnaire
C’est dans ce contexte que l’expérience LuGRE (Lunar GNSS Receiver Experiment) a vu le jour. Elle est le fruit d’une collaboration entre la NASA et l’Agence spatiale italienne. Embarquée à bord de l’atterrisseur Blue Ghost, développé par Firefly Aerospace, cette technologie a prouvé qu’il est possible d’utiliser les signaux des systèmes GPS et Galileo pour se repérer sur la Lune qui est située à environ 360 000 km de la Terre.
Le 3 mars, après un atterrissage réussi, les opérateurs de la NASA ont lancé les premières opérations scientifiques de LuGRE. Très vite, l’instrument a réussi à capter et suivre les signaux des constellations GNSS terrestres avant de trianguler sa position avec une précision jamais atteinte à cette distance.
Des records battus avant même l’atterrissage
Les performances de LuGRE ne se sont pas arrêtées là. Durant son voyage vers la Lune, l’instrument a déjà établi plusieurs records d’acquisition de signaux GNSS à des altitudes jamais atteintes. Le 21 janvier, il a capté des signaux à environ 338 000 km de la Terre et dépassé le précédent record détenu par la mission magnétosphérique multi-échelle de la NASA.
Le 20 février, LuGRE a fait encore mieux en atteignant l’orbite lunaire et en captant des signaux à une distance d’environ 391 000 km. Ces résultats prouvent que les systèmes GNSS peuvent être utilisés efficacement dans l’espace cislunaire, la région située entre la Terre et la Lune.

Ce que cela change pour les futures missions spatiales
Cette avancée représente un tournant majeur pour l’exploration spatiale. En permettant aux engins lunaires de se localiser de manière autonome, elle réduit la dépendance aux stations terrestres et optimise les opérations de navigation. Pour les futures missions habitées du programme Artemis, qui prévoit des séjours prolongés sur la Lune, la possibilité de disposer d’un GPS lunaire est cruciale.
À plus long terme, cette technologie pourrait également être utilisée pour les missions vers Mars et au-delà, ce qui offrirait aux astronautes et aux engins spatiaux une autonomie inédite. La précision de la navigation, combinée à la réduction de l’intervention humaine, ouvre la voie à une nouvelle ère d’exploration.