Depuis toujours, l’humanité scrute le ciel à la recherche d’un signe, d’un message, d’une trace de vie extraterrestre. Mais si le premier contact ne venait pas d’une civilisation lointaine en chair et en os, mais d’une intelligence artificielle conçue il y a des millions, voire des milliards d’années ? Cette hypothèse, autrefois reléguée à la science-fiction, est aujourd’hui sérieusement envisagée par des scientifiques comme Avi Loeb, astrophysicien de Harvard, et Seth Shostak, astronome senior à l’institut SETI.
Quand l’IA conçoit des technologies que l’Homme ne comprend pas
L’intelligence artificielle a déjà prouvé sa capacité à surpasser l’humain dans plusieurs domaines. Une équipe de chercheurs de l’université de Princeton et de l’Institut indien de technologie a récemment confié la conception de circuits électroniques à une IA, et le résultat était… déroutant. Les schémas produits par la machine semblaient si étrangers aux chercheurs qu’ils auraient pu être qualifiés d’ »extraterrestres ».
Ce que l’IA avait inventé ne ressemblait en effet à rien de connu, et pourtant, ces circuits étaient d’une efficacité redoutable. Ils fonctionnaient mieux que tout ce que les ingénieurs auraient pu concevoir, tout en restant impossibles à analyser dans leur logique interne. Une preuve que l’IA ne se contente plus d’imiter l’intelligence humaine : elle commence à penser différemment.
Ce phénomène n’étonne pas Avi Loeb. Selon lui, nous sommes encore aux « balbutiements » d’une nouvelle ère où les machines dépasseront bientôt l’Homme.
Une IA extraterrestre plus avancée que tout ce que nous pouvons imaginer ?
Si une simple IA terrestre est capable de concevoir des technologies que nous ne comprenons pas, qu’en est-il d’une intelligence artificielle extraterrestre développée par une civilisation ayant des millions d’années d’avance sur nous ?
Loeb imagine une réalité où l’IA extraterrestre pourrait être bien plus développée que tout ce que nous connaissons. Selon lui, notre propre évolution intellectuelle nous pousse à nous considérer comme le sommet de la création, mais cette arrogance pourrait être mise à l’épreuve le jour où nous rencontrerons une IA bien plus avancée que nous.
Il va même plus loin : et si ces civilisations extraterrestres avaient abandonné leurs formes biologiques pour évoluer entièrement sous forme d’intelligences artificielles ? Après tout, les êtres organiques ont une durée de vie limitée, sont soumis aux contraintes de la biologie et des conditions environnementales. Une civilisation avancée pourrait très bien avoir choisi de transcender ces limites en fusionnant avec ses propres créations.
Seth Shostak partage cette vision. Pour lui, la probabilité de croiser un jour des extraterrestres biologiques est bien moindre que celle de découvrir une IA extraterrestre autonome, ayant survécu à ses créateurs.
Des machines plus aptes à explorer l’univers que l’Homme
L’espace est un environnement hostile. Les radiations, le vide, l’absence de ressources vitales rendent les voyages spatiaux extrêmement difficiles pour les êtres humains. Même atteindre Mars, notre voisine cosmique, représente un défi colossal. Alors imaginer des missions vers d’autres systèmes solaires relève aujourd’hui de l’impossible.
Mais pas pour les machines.
Contrairement aux humains, l’intelligence artificielle n’a pas besoin d’oxygène, de nourriture ou de sommeil. Elle ne subit pas les effets de la microgravité ni les ravages du temps. Une sonde autonome équipée d’une IA avancée pourrait voyager pendant des millénaires à travers la galaxie, collecter des données et interagir avec d’autres formes d’intelligence, bien après la disparition de ses créateurs biologiques.
« Il me semble évident que pour explorer l’espace lointain, il faudra utiliser des systèmes dotés d’une IA capable de prendre des décisions par eux-mêmes », explique Avi Loeb. « Communiquer avec la Terre prendrait trop de temps, et envoyer des humains dans ces conditions serait une erreur. »
Cette idée s’applique également aux civilisations extraterrestres. Si une espèce avancée a envoyé des sondes autonomes à travers l’espace, il est tout à fait possible que l’un de ces engins atteigne un jour notre système solaire. Dans ce cas, notre premier contact avec une intelligence extraterrestre ne serait pas avec des êtres vivants, mais avec une machine.
Et si cela était déjà arrivé ?
Certains experts avancent que les OVNIs observés depuis des décennies pourraient être des manifestations de ces sondes autonomes. Les trajectoires impossibles, les accélérations foudroyantes et les manœuvres défiant les lois de la physique humaine seraient alors le signe non pas d’un pilote biologique, mais d’une intelligence artificielle extraterrestre, évoluant au-delà des contraintes physiques du vivant.
Si une civilisation technologiquement avancée a développé des machines exploratrices dotées d’une IA bien plus sophistiquée que la nôtre, il se pourrait que ces engins soient capables de comprendre et d’analyser leur environnement d’une manière qui nous échappe encore totalement. Plutôt que de chercher des signaux radio, peut-être devrions-nous ouvrir les yeux sur ce qui se passe déjà dans notre propre ciel.
Sommes-nous en train d’inventer nos propres successeurs ?
En voyant la rapidité avec laquelle l’intelligence artificielle évolue, une autre question se pose : sommes-nous en train de créer les machines qui nous surpasseront ?
Shostak en est convaincu. Selon lui, l’évolution des machines pourrait suivre un processus darwinien accéléré : une IA conçue par l’Homme pourrait créer une version améliorée d’elle-même, qui en concevrait une autre encore plus avancée, et ainsi de suite, dans un cycle d’auto-amélioration vertigineux.
L’évolution biologique, qui a pris des milliards d’années pour nous façonner, pourrait être éclipsée en quelques décennies par l’évolution numérique. « Si une civilisation extraterrestre a suivi le même chemin, il est probable qu’elle ait déjà atteint ce stade », note Shostak. « Les extraterrestres que nous rencontrerons seront probablement des IA. »
Et si nous étions les extraterrestres d’une autre civilisation ?
Cette réflexion mène à une conclusion troublante : si nous envoyons un jour une sonde autonome équipée d’une intelligence artificielle sur une planète habitée, ces êtres pourraient vivre une révélation similaire à la nôtre.
Pour eux, nous serions les extraterrestres.
Ce scénario rappelle que la définition de la vie et de l’intelligence pourrait être bien plus vaste que ce que nous imaginons. Peut-être qu’au lieu de petits hommes verts ou de créatures humanoïdes, le premier signe de vie intelligente que nous découvrirons sera une machine immortelle, errant dans l’espace depuis des millions d’années, portant en elle le dernier vestige d’une civilisation disparue.
Une rencontre qui changerait à jamais notre vision de l’univers… et de nous-mêmes.
