Une étude récente suggère que des glaciers de sel pourraient exister sur Mercure, la planète la plus proche du Soleil et le plus petit monde du Système solaire. Le Planetary Science Institute (PSI) indique même que ces glaciers salins pourraient créer des conditions propices à la vie et seraient comparables à certains environnements extrêmes sur Terre. En complément des découvertes récentes réalisées sur les glaciers d’azote de Pluton, cette trouvaille suggère également que la glaciation pourrait s’étendre de régions proches du Soleil aux limites extérieures du Système solaire.
Un monde inhospitalier a priori
En tant que planète la plus proche du Soleil dans notre Système solaire, Mercure est soumise à des conditions extrêmes. En raison de cette proximité, la température à sa surface peut en effet atteindre des niveaux très élevés, dépassant les 400 °C pendant le jour. Ces températures extrêmement élevées étaient d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles on pensait initialement que Mercure était dépourvue de substances volatiles.
Les substances volatiles sont des composés chimiques qui ont des points de fusion et d’ébullition relativement bas, ce qui signifie qu’ils peuvent passer de l’état solide à l’état liquide ou gazeux à des températures modérées. Avec les températures extrêmes sur Mercure, il était toutefois difficile d’imaginer que des substances volatiles comme le sel puissent exister à la surface sans être rapidement vaporisées ou évaporées. Dans le cadre de récents travaux, des chercheurs ont pourtant isolé la présence de glaciers de sels, supposant l’existence de ces composés volatils.
Des glaciers de sel exotique sur cette planète
Les chercheurs ont utilisé des données recueillies par la sonde spatiale MESSENGER (MErcury Surface, Space ENvironment, GEochemistry, and Ranging) de la NASA, en orbite autour de Mercure de 2011 à 2015, pour étudier la surface de la planète. L’équipe s’est particulièrement concentrée sur une région appelée le chaos boréal, située dans la région polaire nord de Mercure. Ce secteur est caractérisé par des motifs de désintégration complexes qui semblent avoir effacé des cratères, suggérant une activité géologique importante.
Les chercheurs ont identifié des caractéristiques sur la surface qui sont selon eux compatibles avec la présence de glaciers de sels. Ces caractéristiques incluent des fosses où le sel pourrait sublimer, passant de l’état solide à l’état gazeux sans passer par l’état liquide. Ces creux sont ici profonds et semblent retenir des substances volatiles.

Un potentiel de vie sur Mercure
En évaluant les données, y compris des mesures de gravité, les chercheurs ont proposé que ces glaciers de sel pourraient provenir de couches profondes exposées par des impacts d’astéroïdes. Les implications de cette découverte sur le potentiel de vie de Mercure sont intéressantes. Les glaciers de sels pourraient en effet créer des conditions propices au développement d’une forme de vie microbienne, comme observé dans certains environnements extrêmes sur Terre, notamment dans le désert aride d’Atacama au Chili.
Autrement dit, les chercheurs spéculent que les zones souterraines sur Mercure pourraient être plus hospitalières que sa surface dure, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour l’exploration de l’astrobiologie et la recherche d’habitabilité potentielle sur d’autres planètes.
Un phénomène de glaciation
En plus des récentes découvertes de glaciers d’azote sur Pluton, la découverte de glaciers de sel sur Mercure suggère une idée intrigante : la glaciation pourrait s’étendre des régions proches du Soleil jusqu’aux limites extérieures du Système solaire.
Traditionnellement, les glaciers sont associés à des environnements froids et éloignés du Soleil. Cependant, la présence de glaciers sur des planètes comme Mercure, la planète la plus proche de notre étoile, et sur Pluton, qui est située bien au-delà de Neptune, remet en question cette notion. Ces découvertes suggèrent en effet que les processus de glaciation peuvent se produire dans des environnements variés, des régions les plus chaudes du Système solaire aux confins les plus froids. Autrement dit, ce phénomène n’est pas limité à des conditions spécifiques.
Cette étude souligne une fois de plus l’importance de continuer à explorer et à étudier les différentes planètes et lunes de notre Système solaire pour mieux comprendre la diversité de leurs caractéristiques géologiques et atmosphériques.
Les détails de l’étude sont publiés dans le Planetary Science Journal.