Le télescope spatial James Webb (JWST) vient de capturer les images directes de quatre exoplanètes géantes situées à environ 130 années-lumière de la Terre, dans le système HR 8799, ainsi que d’une autre exoplanète, 51 Eridani b. Parmi ces observations, les scientifiques ont détecté pour la première fois du dioxyde de carbone (CO₂) dans l’atmosphère d’une exoplanète, une avancée majeure qui permet de mieux comprendre la formation des mondes lointains. Ces résultats, publiés dans The Astrophysical Journal, pourraient transformer notre vision de la formation des planètes géantes et de leur évolution.
HR 8799 : un laboratoire naturel pour l’étude des exoplanètes
Découvert en 2008, le système HR 8799 est l’un des rares où les astronomes peuvent observer directement des exoplanètes, ce qui en fait un sujet d’étude privilégié. Situé à 130 années-lumière, il se compose de quatre planètes géantes, chacune plusieurs fois plus massive que Jupiter, qui orbitent autour de leur étoile à des distances considérables.
L’intérêt scientifique de HR 8799 tient notamment à son jeune âge : environ 30 millions d’années seulement contre 4,6 milliards d’années pour notre propre Système solaire. À ce stade de leur évolution, ces planètes conservent encore une forte émission thermique, vestige de leur formation récente. Cela permet aux instruments comme le télescope spatial James Webb (JWST) d’examiner leur atmosphère avec une précision inédite.
Les récentes observations du JWST ont révélé la présence de dioxyde de carbone (CO₂) en quantité significative dans l’atmosphère d’HR 8799 e, la planète la plus proche de l’étoile. Cette découverte est une pièce clé du puzzle qui permet aux scientifiques de mieux comprendre comment ces mondes se sont formés et ont évolué.
Vers une meilleure compréhension des planètes géantes
La présence de CO₂ et d’autres éléments lourds dans HR 8799 e apporte des indices essentiels sur son origine. Elle tend à confirmer le modèle de l’accrétion de noyaux, selon lequel les planètes géantes naissent par l’agrégation progressive de matière autour d’un cœur rocheux avant d’attirer un épais manteau gazeux.
Cependant, cette découverte ne ferme pas la porte à une autre hypothèse : celle de l’effondrement gravitationnel, un processus où une planète géante se forme beaucoup plus rapidement par contraction d’une portion du disque de gaz environnant. Les scientifiques doivent maintenant comparer ces nouvelles données à celles d’autres exoplanètes pour déterminer si ces mécanismes coexistent ou si l’un d’eux est dominant.
L’étude de HR 8799 et d’autres systèmes exoplanétaires pourrait donc permettre de répondre à une question fondamentale : notre Système solaire est-il une exception ou suit-il des règles universelles de formation planétaire ? Les futures observations du JWST devraient aider à trancher cette question et nous éclairer sur les processus à l’œuvre dans la formation des mondes lointains.
L’exploit technique du télescope James Webb
L’une des grandes prouesses du JWST a été de réussir à photographier directement ces exoplanètes, une tâche extrêmement difficile. En effet, la lumière des étoiles hôtes est des millions de fois plus brillante que celle des planètes, ce qui rend leur détection compliquée.
Pour contourner ce problème, le télescope utilise des coronographes, des dispositifs qui bloquent la lumière de l’étoile pour révéler celle des planètes situées à proximité. Grâce à cette technologie, les chercheurs ont également pu observer 51 Eridani b, une exoplanète située à 97 années-lumière et ressemblant aux jeunes Jupiter de notre Système solaire. Ces observations ouvrent la voie à de nouvelles études sur les atmosphères des exoplanètes, et potentiellement sur la présence de conditions favorables à la vie.

Vers une meilleure compréhension des mondes extraterrestres
Ces découvertes marquent une étape cruciale dans l’exploration des exoplanètes. En analysant les atmosphères et la composition chimique des planètes lointaines, les astronomes peuvent désormais comparer ces mondes à ceux de notre système solaire et déterminer s’ils suivent des schémas de formation similaires.
Dans les années à venir, le JWST continuera d’explorer de nouvelles exoplanètes et de détecter des éléments clés comme l’eau, le méthane ou le dioxyde de carbone qui pourraient révéler des indices sur l’habitabilité de certains mondes lointains. Comme l’explique William Balmer, chercheur à l’Université Johns Hopkins : « Nous voulons photographier d’autres systèmes solaires et comprendre en quoi ils sont semblables ou différents du nôtre. C’est ainsi que nous pourrons déterminer si notre propre système est exceptionnel ou commun dans l’Univers. »
Avec ces avancées, le télescope James Webb confirme son rôle majeur dans la quête de la connaissance cosmique et pourrait, un jour, nous rapprocher de la découverte de mondes véritablement habitables.