SpaceX a procédé au huitième vol d’essai de sa fusée géante Starship depuis le site Starbase, au Texas, dans la nuit de jeudi à vendredi, à 00h30 (heure de Paris). Si le lancement a démarré sous les meilleurs auspices, la suite de la mission a malheureusement pris une tournure déjà connue.
Un lancement spectaculaire mais un dénouement familier
Comme prévu, le premier étage Super Heavy a effectué un retour spectaculaire en étant rattrapé par les bras mécaniques de la tour de lancement — une manœuvre complexe que SpaceX maîtrise de mieux en mieux, marquant ici son troisième succès consécutif dans cet exercice.
Cependant, tout ne s’est pas déroulé comme prévu pour l’étage supérieur. Alors qu’il devait libérer des charges utiles factices sur une trajectoire suborbitale avant un amerrissage contrôlé dans l’océan Indien, le Starship a rencontré des problèmes techniques. Trois de ses six moteurs Raptor ont en effet cessé de fonctionner en fin de montée, entraînant la perte de contact avec le véhicule environ neuf minutes après le lancement. Le véhicule a donc vraisemblablement explosé peu de temps après, dans un spectacle de lumière visible depuis les Bahamas.
Les ajustements techniques
Cet échec rappelle étrangement le sort du vol Starship 7, lancé le 16 janvier 2025, qui avait connu des difficultés similaires. Lors de ce vol précédent, SpaceX avait attribué l’échec à une « réponse harmonique plusieurs fois plus forte que celle observée lors des tests », provoquant des contraintes excessives sur le système de propulsion et des fuites de propulseur menant à des incendies prolongés.
Pour le vol 8, SpaceX avait pourtant pris des mesures correctives afin d’éviter ces problèmes. Un test de tir statique prolongé de 60 secondes avait été mené pour valider les modifications apportées aux conduites d’alimentation en carburant, aux températures des propulseurs et aux cibles de poussée. Des évents supplémentaires et un nouveau système de purge à l’azote gazeux avaient également été installés pour minimiser les risques de fuite.
De plus, SpaceX avait profité de ce vol pour tester de nouvelles configurations matérielles : certaines tuiles de protection thermique avaient été retirées afin d’évaluer la résistance de zones vulnérables, et différentes options de tuiles métalliques avec refroidissement actif étaient à l’essai pour mieux protéger le Starship lors de sa rentrée atmosphérique. Enfin, la société avait équipé la tour de lancement de capteurs radar destinés à améliorer la précision de la récupération du véhicule.

Vers un avenir de réutilisabilité totale et de conquête martienne
Malgré cet échec partiel, SpaceX continue de viser un objectif ambitieux : rendre le Starship totalement réutilisable afin de réduire les coûts et la fréquence des lancements. Cette approche est essentielle pour les projets de colonisation martienne défendus par Elon Musk, qui nécessiteront des vols fréquents et économiquement viables.
Depuis son premier vol en avril 2023, le Starship a effectué deux lancements cette année-là et quatre en 2024. En 2025, SpaceX espère intensifier le rythme avec jusqu’à 25 vols prévus. Chaque lancement, qu’il soit couronné de succès ou marqué par des défaillances, constitue une étape clé dans le perfectionnement de cette technologie révolutionnaire.
Tandis que les équipes de SpaceX analysent les causes de l’échec du vol 8, la quête pour la réutilisabilité totale et la conquête de Mars se poursuit. Chaque revers est un enseignement, et chaque ajustement rapproche un peu plus cette fusée hors norme de sa pleine capacité opérationnelle.