Défense : quelle place pour la France dans la bataille des satellites militaires ?

Au-delà des forces au sol, en mer, et dans les airs, les armées du monde entier utilisent aussi de plus en plus le spatial et les satellites comme avantage stratégique. De quelle façon, les satellites aident-ils les forces militaires aujourd’hui ?

« En survolant discrètement et librement la planète, les satellites sont des recrues de choix pour la Défense », c’est ce qu’on peut lire sur le site du Centre national d’études spatiales (CNES). Aujourd’hui, les satellites aident les forces militaires de bien des façons. Les satellites de géolocalisation sont essentiels en termes de guidage et de navigation. Les systèmes (GPS pour les États-Unis / Galileo, pour l’Union européenne) permettent de positionner les forces militaires sur le terrain temps réel. Les satellites de communication sont eux indispensables pour assurer des transmissions cryptées, entre les avions, les navires et les troupes au sol.

Enfin, bien sûr, les images collectées par satellite donnent le détail des zones de conflits de jour comme de nuit. L’imagerie par radar permet de localiser des masses métalliques, comme des chars cachés dans la végétation. Et l’imagerie par infrarouge permet de distinguer, par exemple, l’empreinte thermique de véhicules en fonctionnement ou celle de traces laissées par le passage récent d’un avion.

Aujourd’hui, le rapport de force géopolitique dans l’espace, en termes de puissance satellitaire, est encore dominé par les États-Unis, explique Xavier Pasco, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique : sur les 11 000 satellites actifs en orbite, près des 75% sont américains, la plupart lancés par Elon Musk. La deuxième puissance satellitaire au monde est ensuite la Chine. Elle est suivie par la Russie puis l’Europe.

Évidemment, dans le contexte actuel de rivalité stratégique, certains satellites civils ou militaires sont régulièrement approchés voire espionnés. Les armées doivent donc les sécuriser. Pour la France, un satellite patrouilleur-gendarme baptisé Yoda est en cours de finalisation. Sa mission sera dans les années qui viennent d’observer l’environnement des satellites les plus sensibles et d’alerter en cas d’approche étrangère suspecte.

Le ministère de la Défense organise aussi depuis quelques années des exercices d’entraînement aux attaques spatiales. Cet exercice annuel de simulation, s’appelle Aster X (« Aster », comme « étoile » en grec ancien). Le prochain aura lieu à la fin du mois de mars au CNES, à Toulouse. L’objectif sera de simuler sur plusieurs jours une dizaine d’attaques de nos satellites : brouillage, approche dangereuse, ou encore aveuglement des capteurs. L’idée est d’improviser des parades efficaces sans créer de crise diplomatique.

Douze pays partenaires seront impliqués dans cet exercice fin mars. Et la nouveauté de cette édition 2025, c’est la création d’une force alliée autonome, au sein de laquelle il faudra se coordonner contre un agresseur fictif.