En février 2025, une équipe de chercheurs européens a fait une découverte stupéfiante : un neutrino avec une énergie de 100 PeV (pétaélectronvolts). Détecté par la collaboration KM3NeT, un réseau de détecteurs sous-marins situés dans la mer Méditerranée, ce neutrino est bien plus puissant que ceux détectés par le plus grand accélérateur de particules du monde, le Grand collisionneur de hadrons (LHC). La découverte de cette particule aussi énergétique a immédiatement captivé les astrophysiciens, car elle pourrait être liée à un phénomène cosmique jusqu’alors théorisé, mais jamais observé : l’explosion d’un trou noir primordial.
Les neutrinos : des messagers cosmiques invisibles
Les neutrinos sont des particules subatomiques quasi invisibles interagissant très peu avec la matière. Ces caractéristiques les rendent extrêmement difficiles à détecter. Cependant, nous savons qu’ils jouent un rôle essentiel pour comprendre des événements cosmiques extrêmes. Ces particules peuvent en effet voyager à travers l’univers sans être perturbées par la matière qui se trouve sur leur chemin. Ainsi, ils peuvent transporter des informations sur des phénomènes mystérieux et invisibles, comme les trous noirs.
La détection de ce neutrino géant est donc bien plus qu’une simple curiosité : elle pourrait nous révéler des secrets jusqu’ici inaccessibles sur l’origine et l’évolution de l’univers.
Les trous noirs : des objets cosmiques mystérieux
Pour comprendre cette découverte, il est crucial de saisir ce que sont les trous noirs. Ces objets massifs ont une force gravitationnelle si intense que rien, pas même la lumière, ne peut s’en échapper. Cependant, selon les travaux du célèbre physicien Stephen Hawking, ils ne sont pas totalement noirs. Au contraire, ils émettent un rayonnement très faible, appelé rayonnement de Hawking, qui est dû à des interactions complexes entre l’horizon des événements (limite entre le trou noir et le disque d’accrétion) et les champs quantiques. Ce rayonnement est une conséquence de la manière dont les particules et antiparticules se forment à proximité du trou noir, certaines se retrouvant absorbées tandis que d’autres s’échappent, créant ainsi un flux énergétique.
Au fil du temps, ce rayonnement fait lentement « évaporer » les trous noirs. Dans les derniers instants de leur existence, les plus petits peuvent exploser dans une violente éruption de particules et de rayonnements. Si un trou noir primitif venait à atteindre ce stade, il pourrait générer des neutrinos d’une énergie aussi élevée que ceux détectés par KM3NeT.

Les trous noirs primordiaux, des vestiges du Big Bang
Mais alors, pourquoi cette détection pourrait-elle concerner un trou noir primordial ? Les trous noirs primordiaux sont des trous noirs hypothétiques créés dans les premiers instants de l’univers, pendant le Big Bang. L’idée provient des théories de l’inflation cosmique, une phase où l’univers s’est rapidement étendu, créant une turbulence énergétique suffisante pour former des trous noirs de masse extrêmement petite. Ces derniers seraient si compacts que leur masse pourrait être équivalente à celle de quelques éléphants concentrée en une taille bien plus petite que celle d’un atome.
La grande question est de savoir pourquoi ces trous noirs auraient pu survivre jusqu’à aujourd’hui. En théorie, un trou noir primordial aurait dû s’évaporer depuis longtemps. Cependant, une nouvelle théorie intrigue la communauté scientifique : un phénomène quantique appelé « charge mémorielle ». Ce phénomène hypothétique permettrait à un trou noir de conserver des informations sur son passé et de ralentir son processus d’évaporation, prolongeant ainsi sa survie pendant des milliards d’années avant qu’il n’explose. Pour certains chercheurs, ce neutrino détecté en février 2025 pourrait alors provenir de l’un de ces objets en train d’exploser.
Les scientifiques espèrent que cette découverte sera un premier pas vers une meilleure compréhension de l’origine de l’univers et de ses phénomènes les plus énigmatiques. Si des neutrinos aussi énergétiques proviennent de ces trous noirs primitifs, cela pourrait signifier que nous commençons enfin à percer les secrets de l’univers primordial.