Boeing, l’un des plus grands fournisseurs de l’industrie spatiale, se prépare à licencier environ 200 de ses employés qui travaillent sur le Space Launch System (SLS), une fusée emblématique du programme Artemis de la NASA. Cette décision survient alors que l’incertitude plane sur le renouvellement des contrats entre Boeing et l’agence spatiale américaine, dont les accords expireront en mars. Bien que Boeing ait initialement envisagé de supprimer jusqu’à 400 postes, des discussions quotidiennes avec la NASA ont permis de préserver une partie des emplois, mais une révision du programme Artemis associée aux coûts élevés du SLS laisse entrevoir un futur incertain pour cette fusée.
Le Space Launch System : un programme coûteux et complexe
La fusée SLS est au cœur du programme Artemis, dont l’objectif est de renvoyer des astronautes sur la Lune d’ici 2026, puis d’établir une présence durable sur le satellite naturel de la Terre. Cependant, le développement du SLS a été tout sauf simple. Depuis son lancement en 2011, le programme a coûté près de 23,8 milliards de dollars, tandis que chaque lancement de la fusée est estimé à environ 4,1 milliards de dollars. Ces chiffres astronomiques ont alimenté les critiques concernant la viabilité du programme, d’autant plus que la fusée n’est ni réutilisable ni capable de décoller fréquemment. En effet, un lancement du SLS ne pourrait avoir lieu qu’une fois tous les deux ans, ce qui en fait un projet financièrement insoutenable à long terme pour la NASA.
Les critiques croissantes et l’émergence de SpaceX
Les critiques envers le programme SLS ne se limitent pas aux coûts. Des figures influentes de l’industrie spatiale, dont Elon Musk, ont en effet ouvertement critiqué la fusée de la NASA, suggérant à juste titre que l’alternative SpaceX, notamment avec sa fusée réutilisable Starship, serait beaucoup plus économique et flexible. Alors que le SLS reste figé dans un processus de développement long et coûteux, Starship pourrait en revanche accomplir des missions lunaires à un coût beaucoup plus faible et offrir des lancements réguliers.
Malgré tout, la SLS reste soutenue par une large coalition d’acteurs politiques et industriels. Le fait est que le programme soutient environ 69 000 emplois à l’échelle nationale. Pour les sénateurs des États impliqués, le maintien de ces emplois est donc essentiel pour garantir une réélection future.

La position de la NASA et les incertitudes à venir
Malgré les critiques croissantes, la NASA n’a pas annoncé de modifications majeures concernant son programme Artemis. L’agence spatiale veut en effet maintenir le cap pour réaliser les ambitions lunaires des États-Unis. Kirk Shireman, le directeur du programme Orion chez Lockheed Martin, a récemment défendu cette approche et souligné que changer constamment de stratégie en fonction des gouvernements pourrait rendre la mission lunaire encore plus longue et coûteuse. Il reste à voir si la NASA choisira de conserver le SLS ou si elle pourrait à terme s’orienter vers une collaboration plus poussée avec SpaceX.