
Après trois reports, la quatrième tentative aura été la bonne. Jeudi 6 mars, la fusée Ariane 6 a réussi son décollage depuis la base de Kourou, en Guyane française, pour ce qui s’avère être son premier vol commercial. Elle a emporté à son bord le satellite militaire d’observation de la Terre CSO-3 pour le compte de la France. Une victoire symbolique pour la souveraineté de l’Europe spatiale.
Le lancement avait avorté, lundi 3 mars, une demi-heure avant l’heure prévue, en raison du dysfonctionnement d’une vanne sur un des tuyaux d’avitaillement. Une vanne de 150 kg, sur laquelle les tests effectués avant le tir « montraient qu’on avait un comportement anormal », avait expliqué lundi David Cavaillolès, le président exécutif d’Arianespace. Et ce, alors que le lanceur se trouvait déjà sur le pas de tir et que le portique mobile, qui protège la fusée, avait été retiré.
Le satellite CSO-3 attendait depuis 2022 d’être lancé. Ses deux prédécesseurs, CSO-1 et CSO-2, ont été envoyés en 2018 et 2020 par des vaisseaux russes Soyouz. Le premier vol d’Ariane 6 avait eu lieu en juillet 2024. Ce premier vol embarquant un satellite commercial est très important, puisqu’il doit permettre de sécuriser l’accès autonome des Européens à l’espace.
« L’Europe doit assurer sa propre sécurité »
En effet, ils en étaient privés depuis 2022, puisqu’ils n’utilisaient plus de vaisseaux Soyouz depuis l’invasion russe en Ukraine. La France et l’Italie sont les deux seuls pays européens à disposer de satellites militaires (respectivement cinq et deux), et ce lancement traduit l’importance de « ne dépendre de personne », a lancé lundi David Cavaillolès à l’intention des alliés européens. « Ariane confirme avec ce succès le retour d’un accès autonome à l’espace pour l’Europe », s’est félicité Lionel Suchet, PDG du Cnes (Centre national d’études spatiales).
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Emmanuel Macron a lui salué sur X « un grand pas pour notre souveraineté française et européenne dans le spatial, la défense et l’industrie ». Face à la proximité entre le gouvernement américain et le milliardaire Elon Musk, qui domine déjà en partie l’espace avec son entreprise SpaceX, et au rapprochement entre les États-Unis et la Russie, « l’Europe doit assurer sa propre sécurité », avait quant à lui estimé, lundi, le directeur du transport spatial de l’Agence spatiale européenne, Toni Tolker-Nielsen.
Il a insisté sur la nécessité de viser plus de lancements annuels avec Ariane 6 : jusqu’à 12, contre cinq prévus cette année. Ce 352e lancement effectué par Arianespace revêt donc, sans nul doute, un caractère symbolique plus important que les autres.